Photographe, j’aime mon médium avec passion, et cherche à le défendre contre les préjugés délétères qui l’emprisonnent dans une injonction de véracité lui ôtant toute puissance évocatrice.

Avec la photographie, je déconstruis la photographie – ou du moins ce qu’on en croit.

Dans mon travail en studio, j’élabore ainsi des mises en scène plus ou moins complexes, jouant sur nos attentes et déjouant la croyance au réel photographique. À la manière d’un Méliès, je pousse la photographie dans ses retranchements, mais en choisissant le jeu des illusions plutôt que celui de la retouche numérique : j’aime les « trucages » les plus simples, du miroir aux projections en tout genre, des jeux d’ombres aux illuminations trompeuses, des ruptures d’échelle et de perspectives à l’expression de modèles devenus acteurs…

La projection d’images réalisées en amont, et avec lesquelles vont jouer ces acteurs, est un de mes procédés de prédilection, mais pas le seul. Dans tous les cas, la lumière, essence même du médium, constitue la matière première d’un répertoire de figures « photo-graphiques » en train de s’élaborer, et dans lequel je puise pour exprimer des visions d’artiste sur des thèmes qui me sont chers.

Mon travail hors studio procède d’une même recherche artistique – utiliser la photographie pour autre chose que sa
capacité à rendre compte du réel.
Les instantannés que je glane au fil de mes voyages convoquent des visions, suscitent une attente, ou un désir, celui de « rentrer dans l’image » – ce que j’appelle le « syndrome Mary Poppins ». C’est pourquoi beaucoup de ces images servent ou peuvent servir de fond projeté pour des mises en scène ultérieures.

Quant aux thèmes, ils mettent en jeu circulation des forces entre entités contraires : masculin/féminin, humain/animal, rêve/réalité, rire/sérieux, vie/mort, occident/orient… énoncent ce que j’appelle « le principe d’altérité », et qui doit être selon moi à la base de toute création.

«Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre.» Dénoncer les préjugés en énonçant l’illusion photographique… tel est mon crédo.